jeudi 9 février 2012

Le dernier parking.

On s'est vaguement cru dans un film américain. Avec ses trente images par secondes, ses ralentis, ses crissements de pneus et ses seins gonflés en station-service, débordant des boulevards géants.
Les étoiles sous nos pieds n'avaient de brillant que le reflet des déchets plastiques qui collent sous la semelle. Et au-dessus de nos têtes affreusement alignées, le soleil n'était qu'un poing dans nos yeux, écrasant les orbites bien au fond d'un ring-ring strident et arbitraire.
Au deuxième round de notre marche urbaine forcée, on y discernait la crasse mentale qui coulait sur les joues de chacun. Comme des larmes de cambouis, les mécaniciens émotionnels que nous étions, laissaient un sillage aux teneurs de pétrole. Avançant vers le dernier parking nous étant destiné, nous savions qu'ainsi parqués, notre  souffle terminal ressemblerait à la chape de fumée d'une centrale électrique en plein rendement.
Et justement. Il était tout à fait temps de se rendre.
Notre organisme béant d'ordures larguait ici définitivement ses excréments. Les derniers sacrements d'un monde qui nous avait vomis, accueillis, puis ensevelis.
Il en résultait une profonde sérénité malgré l'odeur intenable. Ainsi soulagés de nos envies biologiques impossibles à réprimer, nous étions fins prêts et apprêtés pour la fin.