samedi 16 avril 2011

Avancer tout droit, hein ?

21.11.10

Entrer. Toc-toc. Répond pas, c'est pas utile.
Je me moque de savoir si je dois essuyer les pieds sur le paillasson et virer cette feuille morte qui me colle sous la grolle. Je compte bien avancer tout droit, tomber le manteau, jeter le chapeau, pendre l'écharpe à un truc fragile et fermer un œil.

Et fermer ma gueule.
J'ai les carreaux du dallage qui s'écrasent en mosaïque sous mes pieds, et qui se moquent de mon souhait sobre.
Ya pas de lumière au plafonnier, pas plus que de tapisserie qui soit de bon goût.
Et là, c'est tout tapissé. Au fiel.
A la bêtise d'une humilité honnête qui tâche et qui poisse. Oui, je sais. Ta gueule.

 
T'es un con, et t'avance comme tel, parce que t'as pas vraiment le choix, mais par pitié, fais le sans pigner. Monter les escaliers, et compter les marches sans en rater une.
Virer ce pull et cette chemise l'un dans l'autre, les laisser baiser là, sur la moquette proprement aspirée. Virer à droite ou à gauche, mais se démerder pour marcher droit. Filer droit. Bander droit.
Putain, merci pour tous ces précieux conseils.
Ouvrir toutes les portes de l'étage, se dire que tous ces lieux sont déjà vu, et les revisiter, d'un coup d'œil, parce que l'autre est fermé.
Clopiner à cloche-pied, en virant son fute, son froc, Ses grolles avec la feuille morte collée, et puis se vautrer contre le mur, parce que t'es pas un équilibriste, merde.
Et là s'arrêter un instant devant le miroir de la salle de bain.

T'es à poil et t'as l'air con. Juste tes chaussettes fatiguées d'un trou ou deux, les orteils qui prennent la fraiche.
Et agiter les mains. Répéter ce geste quotidien que tu dédaignes toujours, ce rasoir que tu boudes et dont la lame coupe autant qu'un couteau à beurre.
La passer lentement sur ton visage, et regarder les trainées de nu sur ta peau, là ou elle s'habillait de poils drus. Faire des mimiques ridicules pour pas se couper. Et puis aussi parce que ça tire.
Flicflocflicflicflocflicflocflicflicfloc. L'eau chaude piégée dans le lavabo comme une marmite de soupe, et ton instrument de torture en guise de grosse cuillère. Touille, putain, touille.
Les poils tombés, t'as toujours l'air gland. Ya pas de remède à ça.

Et refaire le chemin inverse, enfiler les grolles à la feuille-fidèle, le slip, le fute et c'est con parce que dans ce sens là c'est pas facile alors tu jures à voix haute. Descendre les marches en courant, enfiler le pull-chemise qui, espère-le, n'as pas jouit trop fort.
Ouvrir l'autre œil, t'étrangler avec ton écharpe en pétant le truc fragile, tombant au sol. T'aveugler avec le chapeau, t'empêtrer avec le manteau et enfin larguer cette emmerdeuse de feuille et claquer la porte derrière toi.

Avancer tout droit.
Et ne jamais revenir, parce qu'au fond, cet endroit, tu ne le connaissais pas. C'est pas chez toi.
T'as jamais vraiment su ou c'était.

Connard, va.

2 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.