samedi 16 avril 2011

Un doux matin sur Paris.

4.11.09

Le réveille sonne.
Ou le téléphone. Ya toujours quelqu'un ou quelque chose pour te faire chier quand tu dors, et que tu prenais ton pied à le faire.
Ne pas répondre, ne pas se lever. On se gèle les couilles hors de la couette parce que ton blaireau de proprio à toujours pas fait changer tes fenêtres simple vitrage et qu'on entame l'hiver.
Assassin.

Les minutes passent ou plutôt elles galopent sur le cadran digital qui envoie des signaux rouges presque malveillants : "lève-toi tête de cul, faut aller au turbin maintenant, hein".
Alors oui, tu fais cet effort surhumain. Tes membres s'agitent lentement, comme si la couette était un bain de sables mouvants qui t'aurais englouti. Et putain, c'est trop fatiguant d'en sortir, plutôt crever dedans, non ?
Bin non.
Alors tu t'en extirpes, avec ton haleine de vieux putois nécrophage, la joue droite zébrée par la carte de tes draps qui sont froissés depuis 10 jours.
T'as pas le temps d'avaler un truc, manger le matin sans que le métro te donne envie de gerber est un luxe que tu ne connais plus. Alors tu sautes dans tes fringues froides et froissées, elles aussi, puis tu te diriges d'un pas chancelant vers ta salle de bain qui est plus petite que ton placard à fringues.
Tu te brosses les dents vaguement, pour obtenir une haleine de vieux putois a jeun. Tu manques de te faire sauter un tympan avec le coton-tige, et t'as les sourcils qui frisent sous l'eau froide quand tu passes la tronche sous le robinet.

Voilà, t'es fin prêt. Le monde est dehors, là, pas loin. Il t'attend. Oh putain oui, il t'attend de pied ferme. Il te réserve les conneries habituelles : voitures conduites par des inconscients ensommeillés qui manquent de t'écraser et s'en foutent royalement; vent froid qui trouve toujours une ouverture pour s'engouffrer sous tes fringues et te mordre le téton de bon matin; le papier dégueu qui se met à te coller sous la pompe sur une bonne quinzaine de mètres, et tu te demande pourquoi il baise avec tes pieds comme ça, c'est dégueulasse, quand même...

Ah, le métro. Youpi. Quelques marches dégringolées, et te voilà sous terre, dans ce vivier à odeurs de merde séchée, de pisse alcoolisée et d'aisselles pas lavées. Le portique qui s'ouvre pas du premier coup, tu t'exploses une côte dessus avant de repasser ton Navigo rageusement sur le lecteur.
Et une fois sur le quai, tu regardes ton train partir, parce que t'as 3 secondes et demi de retard.
Bordel. Et l'autre tête de cul qui te fixe sur le quai en face, avec son jogging plein de tâches et sa capuche sur la tête qui le fait ressembler à un curé en pyjama.

Voilà ton train, enfin. T'attend que les passagers descendent, alors que les autres à côté de toi se frayent un passage à coups de coude pour entrer et chopper des places assises. Ça te gonfle de voir l'absence totale de sens civique des gens. Mais bon, tu t'en fous, parce que pour trouver une place, t'es vif et rapide comme une musaraigne, alors t'as au moins ça pour toi. Tu regardes à droite, à gauche. La gueule des gens est vraiment à faire peur. Tu fermes les yeux. Grappiller un peu de repos, le temps des 10 stations qui te séparent de ton job chiant comme la pluie.

Et la cavalcade reprend, vite, tu sors, il te reste 2 mns pour parcourir le chemin. Tu marches à grandes enjambées, te faufiles entre les gens qui sont pas foutus de gérer leurs trajectoire et l'espace commun autour d'eux. Ils sont comme des aveugles.
Les vieux surtout. Ils se trainent, regardent partout sauf devant eux, prennent tout un trottoir avec leur sac cabas et leur clebs ridicule qui pisse partout, et ils s'excusent jamais quand ils te bousculent.
Ya des matins ou t'as envie de leur arracher le dentier et de pisser sur leur chien.

Et voilà, t'es arrivé.
Et je me demande comment tu fais pour tenir tous les matins comme ça. Parce que j'y viendrai... mais la perspective du soir est pas beaucoup plus reluisante.
Mais pas tout de suite.
Un suppositoire, ça s'enfonce doucement.

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